Crash Air Algérie : L’identification des victimes promet d’être très complexe

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L’identification des victimes a commencé

En combinaisons blanches, gants et bottes, des experts français fouillent au milieu de débris métalliques jonchant le sol sur le site où s’est écrasé l’avion d’Air Algérie dans le nord du Mali. Ils n’y ont vu “aucun corps intègre”, dit l’un d’eux. Sur ces lieux d’accès difficile dans la zone de Gossi, à environ 150 kilomètres de Gao (nord-est du Mali), chaque mètre carré est passé au peigne fin par ces experts : des gendarmes, des policiers et une équipe du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), un organisme public français dont le rôle est de mener les enquêtes techniques pour déterminer les causes d’un accident d’avion. Leur mission : recueillir tout ce qui peut l’être pour expliquer l’accident et permettre d’identifier les victimes du crash. Il n’y a eu aucun survivant parmi les 118 personnes qui étaient à bord de l’avion, dont 54 Français, 23 Burkinabés, 8 Libanais, 6 Algériens, 6 Espagnols. Sur place, “nous avons tout de suite su que nous allons devoir procéder à l’analyse ADN”, affirme le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l’institut de recherches criminelles de la gendarmerie française, chargé de l’identification.

“Nous avons constaté que nous n’avions aucun corps intègre”, mais “des corps profondément fragmentés et aucun n’était identifiable par des mesures classiques de médecine légale, de dentisterie légale, ni même d’empreintes digitales”, explique le colonel Touron.

Le site est sous la surveillance de quelques centaines de soldats français, maliens et de la mission de l’ONU au Mali (Minusma). Y accéder et y maintenir un camp de base relèvent d’un défi logistique. Il faut plusieurs heures à un convoi militaire pour l’atteindre en empruntant des pistes parfois difficiles. Il faut y acheminer du matériel de vie en campagne, des groupes électrogènes, du matériel de transmission, des moyens frigorifiques. “Nous assurons le soutien logistique des enquêteurs français, ainsi que de leurs confrères maliens, algériens et espagnols”, a indiqué lundi à Paris le chef d’état-major français, le général Pierre de Villiers. Dans un communiqué publié mardi, la Minusma affirme avoir dépêché sur le site du crash “une équipe internationale de policiers scientifiques et techniques”, qui fut parmi les premières sur place. Elle “a contribué à préserver l’endroit de toute pollution et y conserver les éléments de preuve. Deux aspects primordiaux pour faciliter le travail minutieux des enquêteurs spécialistes”, ajoute-t-elle. Les enquêteurs sont acheminés depuis Gao par hélicoptères, un trajet d’environ 45 minutes. Dans la zone, ils travaillent sous une chaleur écrasante. L’accès du site des recherches est interdit à ceux qui ne participent pas à l’enquête. “Les techniques de biologie moléculaire nécessitent une conservation des échantillons de bonne nature. Le temps ici va contre nous. Il fait très chaud et les échantillons sont très rapidement dégradés”, dit le colonel Touron.

Des cendres et du sable

Les prélèvements effectués au milieu des débris sur le site sont emportés sous deux tentes blanches estampillées gendarmerie nationale (française). À l’abri des regards sous une autre tente de fortune, les experts récupèrent également des échantillons sur des proches de victimes transportés sur les lieux depuis Ouagadougou avec des journalistes, dont un de l’AFP. “Il est impératif pour nous de récupérer l’ADN des proches de manière à pouvoir ensuite essayer d’identifier un frère, un père, une soeur. (…) Plus nous aurons d’informations, plus l’identification sera rapide”, indique le colonel Touron. En plus d’être en quête de la vérité sur le crash, plusieurs familles ont fait état de leur espoir de récupérer des corps ou des restes de corps. Rodrigue Sandwidi, qui a perdu un de ses parents dans l’accident, a pu échanger avec les experts. “Ils nous ont expliqué avoir récupéré des centaines de restes de victimes. Mais (…) cela peut être les restes de deux ou trois personnes” sur les 118 tuées, a-t-il dit. Laurent Bassindua, dont le frère aîné et un ami ont péri dans le crash, a déposé un bouquet de fleurs aux limites de la zone sécurisée et, effondré de douleur, il s’y est accroupi et a prié, la tête dans les mains. Du site, il emportera “un mélange de cendres et de sable comme un témoignage de l’effroi qui s’est déroulé à Gossi”, révèle-t-il. “Cela représente ce qui reste de ce qu’il y a de plus cher pour nous. Nous allons conserver tout cela en famille”, dit-il, avant d’ajouter, pour toutes les victimes : “J’espère du fond du coeur que tous ces gens reposent en paix.”

Source : Lepoint.fr

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