Exposition : la science à la poursuite du crime

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Du 23 septembre 2021 au 22 janvier 2022, à Montpellier, en partenariat avec les Archives nationales, retrouvez l’exposition : “La science à la poursuite du crime : Alphonse Bertillon, pionnier des experts policiers“. Du 14 septembre au 22 janvier, découvrez par la même occasion « la police scientifique : les brigades du tigre aux experts » évoquant la 14e Brigade Mobile dite «brigades du Tigre», de sa constitution aux grandes affaires qu’elle a couverte !

Une exposition et des animations en lien avec la police scientifique

L’exposition se déroule du mardi au samedi de 10h à 19h, 907, rue du Professeur Blayac, à Montpellier avec des animations le 30 septembre, les 2 et 26 octobre et le 5 novembre 2021. L’entrée est libre et gratuite. Pass sanitaire obligatoire. Animations, jeux, expos, conférences… Toute une programmation autour du crime vous attends à pierresvives. Visites guidées les mercredis à 16h et les samedis à 11h et 16h, inscriptions sur place

Animation avec une journée d’étude le 2 octobre “la police scientifique, de la toise à l’ADN”

Le Jeudi 30 septembre de 18h30 à 20h intervention de François Barrère journaliste police-justice à Midi Libre. En ouvrant les archives de la 14e Brigade Mobile dite «brigades du Tigre» à Montpellier, on plonge dans le monde du crime dans le midi de la France, de la Belle Epoque à la guerre d’Espagne. (Atelier de l’Histoire)

Le Samedi 2 octobre de 9h30 à 17h00, des historiens reviendront sur les origines de ces nouvelles approches et des policiers spécialisés nous plongeront dans leur univers quotidien… En présence de Pierre Piazza, maître de conférences en science politique, université de Cergy-Pontoise, commissaire de l’exposition. (Amphithéâtre)

Le Samedi 2 octobre à 15h30, présence de Michel Moatti avec « Retour à Whitechapel », un ouvrage considéré comme le plus complet sur le plus célèbre cold case de l’histoire, celui de Jack l’Eventreur (en partenariat avec le Festival International du Roman Noir)

Les mardi 26 octobre et vendredi 5 novembre à 14h30, découvrez un parcours sur l’histoire des techniques de la police, animé par Fred Feu, du Centre de l’imaginaire scientifique et technique.

Les mercredis et samedis à 14h, escape Game dans le Hall, qui a bien pu assassiner Madame Duparc ? Le commissaire Filou compte sur vous ! A partir de 8 ans

Exposition : la science à la poursuite du crime

Alphonse Bertillon (1853-1914) tient une place essentielle dans l’histoire des savoirs sur le crime. Établir « qui est qui », photographier et cartographier les scènes de crime, collecter et analyser les moindres traces laissées par les malfaiteurs … Sherlock Holmes ainsi que les nombreux enquêteurs des séries policières et autres polars lui doivent beaucoup. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, ce fin limier a révolutionné et influencé les pratiques policières à travers le monde entier. Grand acteur de l’histoire de la police scientifique, il innove dans de nombreux domaines : photographie judiciaire, dactyloscopie (identification par les empreintes digitales), fichiers de la population, expertise des traces d’outils lors des cambriolages, graphologie… Des documents d’archives uniques, des reconstitutions de scènes de crime, des conférences avec historiens et techniciens, des ateliers passionnants pour tous : plongez dans l’univers du crime !

Commissaire : Pierre Piazza, maitre de conférences en sciences politiques à l’université de Cergy-Pontoise

Pour en savoir plus : https://pierresvives.herault.fr/645-la-galerie-d-exposition.html 

A voir dans l’exposition

« MENSURER » LES CORPS POUR LES FAIRE PARLER

La France adopte le 27 mai 1885, une loi qui institue la « relégation­» en Guyane et en Nouvelle-Calédonie des délinquants récidivistes. L’application de ce texte implique une identifi cation précise de ces individus, propice à l’essor de l’anthropométrie judiciaire que Bertillon applique à la préfecture de police de Paris à partir du début des années 1880. Désormais, tout individu arrêté par la police est précisément « mensuré­», avec de nouveaux instruments (toises, compas d’épaisseur, pieds à coulisse, etc.).

LA PREUVE PAR L’IMAGE

Au début des années 1870, le service photographique de la préfecture de police de Paris commence à confectionner des clichés de personnes déférées au Dépôt et de « criminels de marque­». Avec Bertillon, la photographie devient véritablement «­judiciaire­». En 1888, il fait aménager un atelier spacieux et fonctionnel. Désormais, le portrait sera pris de face et de profi l, dans des conditions de pose et d’éclairage identiques, sans retouche, d’une grande qualité et d’un format normalisé.

LE « PORTRAIT PARLÉ »

Bertillon distingue les individus comme un botaniste classe les plantes, suivant leurs caractéristiques physiques. Chaque élément de leur visage est observé, décomposé, ordonné et décrit à l’aide d’un langage complexe. On ne se contente plus par exemple de termes évasifs pour qualifi er un nez. Ce sont dorénavant toutes les «­régions­» le constituant qui sont caractérisées. Les informations morphologiques mais aussi chromatiques(sur les cheveux, l’iris, etc.) permettent une identifi cation plus rigoureuse des malfaiteurs et la reconnaissance policière d’individus recherchés.

L’AFFAIRE DREYFUS

En janvier 1895, le préfet de police Louis Lépine dote le service parisien de l’Identité judiciaire d’un « Laboratoire d’Identification graphique­». Bertillon publie un ouvrage intitulé La comparaison des écritures et l’identification graphique dans lequel il insiste notamment sur le rôle déterminant de l’agrandissement photographique. En octobre 1894, les autorités lui confient en effet l’analyse des fragments d’une correspondance censée prouver les faits d’espionnage dont est accusé le capitaine Alfred Dreyfus (l’envoi de documentssecrets à l’Empire allemand). Bertillon développe la thèse complexe de «­l’autoforgerie­» afin de prouver la falsification de son écriture par Dreyfus lui-même. Les membres du premier conseil de Guerre adoptent ses conclusions : Dreyfus a contrefait son écriture. Celui-ci est déporté sur l’île du Diable en Guyane. Dès lors, les Dreyfusards et une large partie de la presse accuseront Bertillon d’antisémitisme et de soutenir un mensonge d’État.

TRACES, INDICES ET SCÈNES DE ­CRIME

Bertillon est le principal expert policier à exploiter les traces digitales mais aussi palmaires, plantaires, d’outils, etc… L’essor de ces pratiques doit beaucoup au succès de Bertillon dans l’affaire Scheffer, en octobre 1902. Il est le premier au monde à identifier un meurtrier, non présent sur les lieux du crime, à partir de ses traces digitales retrouvées sur place.
En 1907, il met au point un « appareil plongeur­» qui, reposant sur un trépied de plus de deux mètres de hauteur, photographie verticalement les victimes sans les déplacer. Bertillon invente aussi la « photographie métrique­» qui documente précisément les lieux de meutres : position du cadavre, traces, disposition du mobilier, accès …

POPULATION SOUS SURVEILLANCE

Dès la fin du XIXe siècle puis, au début des années 1910, Bertillon joue un rôle important dans la lutte contre les anarchistes, d’abord contre Ravachol, puis contre les « anarchistes en auto­» de la bande à Bonnot. Ses méthodes d’identifi cation servent encore à contrôler d’autres catégories de personnes : dans les colonies, les populations «­indigènes­» et sur le sol national, les «­nomades­» à qui l’on impose le port obligatoire d’un carnet anthropométrique d’identité.

UN MODÈLE POUR LES POLICES DU ­MONDE ENTIER

Le Bertillonnage suscite un grand intérêt à l’étranger où le service parisien de l’Identité judiciaire s’impose comme un modèle incontestable d’effi cacité. A travers ses publications, mais aussi à l’occasion des expositions universelles – à Paris en 1889 et 1900, à Chicago en 1893 – où Bertillon subjugue les visiteurs. Celui-ci prépare l’avènement de la coopération policière transfrontalière, notamment à partir de 1923 avec la Commission internationale de police criminelle (ancêtre d’Interpol).

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