Examen d’une arme à feu et d’éléments balistiques

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Examen d’une arme

La première étape de l’examen d’une arme à feu se fait au laboratoire et consiste à la décrire scrupuleusement l’arme.

L’Ingénieur de Police Technique et Scientifique spécialisé en balistique examine l’arme et ses différentes composantes généralement à l’oeil nu et sous simple lumière blanche.

Cet examen visuel va permettre au spécialiste de pouvoir répondre à quelques questions.

· De quel type d’arme s’agit-il ? (revolver, pistolet semi-automatique, carabine, fusil d’assaut etc…)

· Quel est le calibre nominal ?

· Quel est le fabriquant et la marque de l’arme ?

· Quel est le modèle ?

· Quel est le numéro de série et poinçons visibles sur l’arme ?

· Quelle est la capacité du chargeur ou du barillet ?

· Quelle est la longueur du canon ?

· Quel est l’état du canon ? (propre, graissée, présence de résidus de tirs)

Examen d'une arme - Police ScientifiqueLa présence ou absence de poussière peut donner une indication sur le temps écoulé depuis le dernier tir. Si par exemple, la poussière est plus concentrée vers la bouche du canon que vers la culasse, on peut supposer que l’arme n’a pas été utilisée depuis un certain temps. Lors de l’examen d’une arme, l’état général du canon peut avoir une incidence sur la reproductibilité des microstries sur les projectiles lors de tirs de comparaison. Généralement, les spécialistes en armes à feu peuvent utiliser un endoscope similaire aux endoscopes chirurgicaux afin d’inspecter l’intérieur de l’arme à l’aide de fibres optiques.

· Quelles sont les particularités de l’arme ?

L’arme présente-elle des caractéristiques d’usure avancée ? Est-ce que le canon est scié ? Le numéro de série a t-il été effacé ? Est-ce que l’arme a subi des traitements de finition particuliers ? (Inox, chromée, brillant etc…)

· Mesure du poids de détente de l’arme (quelle est la masse nécessaire à appliquer sur la détente pour obtenir le départ du coup ?)

Cette force peut être exprimée soit en Newton (N) ou en kilogramme (Kg) et est déterminée à l’aide d’un dynamomètre.

Le poids de détente est plus élevé en double action qu’en simple action. En effet, la pression à exercer sur la détente d’une arme en double action doit être plus forte afin d’armer le mécanisme de percussion jusqu’à ce que le marteau atteigne le point de décrochage et s’abatte violemment afin de provoquer la percussion. Dans le cas d’une arme tirant en simple et double action, il s’agira de mesurer ces deux forces.

· Quel est l’état de fonctionnement de l’arme à vide ?

· Quels sont les fonctionnements des sûretés et sécurités de l’arme (leurs nombres et positions) ?

C’est une fois toutes ces étapes réalisées qu’il faudra procéder à la détermination de la marque et du modèle de la munition sur la base du projectile et/ou de la douille et/ou de tout autre élément de munition indiciaire.

Examen des éléments balistiques

Examen d'une arme impact vitre Police ScientifiqueAvant toute analyse et examens comparatifs, il s’agit d’examiner et prélever les différents débris accumulés par le ou les projectiles lors de leur(s) passage(s) dans les différentes cibles (victime, vitre, tôle, porte etc.). D’ailleurs, les marques sur la tête des projectiles en plomb peuvent donner de bonnes indications quant aux supports traversés par la balle (ricochet, eau, vitre, etc.)

Après avoir récupéré l’ensemble des éléments balistiques, l’étape suivante consiste à nettoyer les projectiles et douilles dans un bac à ultrasons. Ces éléments sont alors plongés dans une solution détergente et les ultrasons produits donnent lieu à des variations de pression (compression et décompression) provoquant l’implosion de microbulles de gaz (cavitation). Ces implosions dégagent une certaine quantité d’énergie qui en frappant la surface d’un objet, arrivent à détacher des particules adhérentes. Cette technique n’est cependant pas recommandable pour les projectiles en plomb nu en raison de l’altération de ce métal sous l’effet des ultrasons. Pour le nettoyage de ce type de balle, on utilise un solvant organique (comme l’acétone par exemple). Cette technique doit être utilisée avec précaution, car le risque de dégrader le vernis éventuellement présent est important.

Pour les projectiles :

Il va s’agir de prendre en considération :

  • La masse (exprimée en grammes ou en grains)

Un grain (gr) = 0,0648 gramme (g)

Un gramme (g) = 15,4324 grains (gr)

  • La forme

examen d'une arme composition projectile

  • La composition du projectile – On part toujours de l’intérieur (noyau) vers l’extérieur (chemisage) du projectile. La plupart des projectiles sont en plomb, galvanisé ou non (ex .22 LR), ou en plomb chemisé cuivre ou laiton (ex .22 Magnum). Il est également possible de déterminer si le chemisage du projectile est ferromagnétique ou non au moyen d’un aimant (les projectiles et douilles des pays de l’Est possèdent souvent un chemisage férromagnétique).
  • Le type de chemisage (complet à base ouverte Full Metal Jacket, complet à base fermée Total Metal Jacket, partiel ou silvertip)
  • Détermination du calibre nominal – Il s’agit de mesurer le diamètre effectif du projectile (calibre réel) et la longueur de celui-ci. Par exemple, le 9mm Parabellum a un diamètre effectif de 9mm et une longueur de 19mm (9×19)
  • Le nombre de rainures et cannelures éventuellement présentes sur le projectile.

Pour les douilles :

Il va s’agir de prendre en considération :

  • Les dimensions (diamètre de l’ouverture de la douille et longueur de la douille)
  • La forme (ogivale, pointue, à tête plate, etc.)
  • La composition (laiton, cuivre, aluminium, fer laqué etc.)
  • Le type de percussion (centrale ou annulaire)
  • Le système d’amorçage (berdan ou boxer)
  • Les inscriptions sur le culot

Il arrive très souvent que les marquages sur le culot des douilles permettent de déterminer le calibre, le fabriquant, la marque, ainsi que l’année de fabrication de la munition.

Lors du processus de chargement de l’arme et du tir, différentes opérations vont se produire. Dans le cas d’un pistolet semi-automatique, voici les différentes étapes :

1. Introduction des cartouches dans le magasin par l’opérateur

2. Insertion du magasin dans la crosse de l’arme

3. Introduction de la cartouche dans la chambre à cartouche

4. Percussion de la capsule d’amorçage de la douille par le percuteur

5. Départ du coup de feu par la combustion de la poudre

6. Ejection de la douille de la chambre par la fenêtre d’éjection (à l’aide de l’extracteur et éjecteur)

7. Prise en compte d’une nouvelle cartouche dans la chambre à cartouche.

Toutes ces opérations mettent en contact des parties de l’arme (chargeur, chambre à cartouche, canon, extracteur, éjecteur, etc.) avec le projectile et la douille, ce qui produit des traces caractéristiques (Cf. vidéo).

L’étape suivante consiste enfin à examiner les différentes traces présentes sur les douilles et projectiles.

Pour approfondir : 

Traces d’armes à feu : Expertise des armes et des éléments de munition dans l’investigation criminelle Broché  20 mars 2014

Traces arme à feuCe livre a pour but de fournir une information complète dans le domaine des armes, l’un des plus passionnants parmi les sciences forensiques. Il aborde plus particulièrement le fonctionnement des armes, la connaissance des munitions, les processus d’identification d’armes à partir d’éléments de munitions retrouvés sur les lieux des délits ainsi que le prélèvement et l’analyse des résidus sur les mains des suspects et sur les cibles. Cet ouvrage de référence, unique en français, vise à offrir un recueil de connaissances Les plus vastes possibles en la matière. Cette seconde édition a été largement revue et augmentée par les meilleurs spécialistes francophones du domaine. Le chapitre consacré à la balistique est entièrement nouveau, tout comme celui dédié à l’identification des armes par les traces Laissées sur les éléments de munition lors du tir. L’interprétation des indices à La lumière des théories probabilistes a été introduite, et le chapitre sur les résidus de tirs complètement revu. Une bibliographie importante complète L’ouvrage et un fichier d’aide à La révélation des résidus de tir, fruit de plusieurs années d’enseignement à l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne, peut être téléchargé par le lecteur. Commander ici.

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