Un nouveau suspect dans l’affaire Mayfield : Ouhnane Daoud

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L’arrestation de Brandon Mayfield

Brandon Mayfield, 37 ans est père de trois enfants et travaille comme avocat dans l’Oregon. Cet ancien militaire est converti à l’islam depuis son mariage avec une Egyptienne. Dans son passé d’avocat, Mayfield a eu des « liens » avec des talibans. Ainsi, en 2003, Mayfield a offert son aide légale à Jeffrey Leon Battle, un membre des « Portland Seven » un groupe suspecté d’aider Al-Qaida et les talibans dans leur combat face à la coalition américaine. Cet engagement de Mayfield va créditer la thèse du FBI selon laquelle celui-ci peut être impliqué dans les attentats de Madrid.

Dès que l’empreinte de Brandon Mayfield est identifiée, le FBI commence à le surveiller discrètement. Au vu des faits reprochés et du traumatisme du 11 septembre 2001, la surveillance de sa vie privée est intense. Ses téléphones, ses contacts, ses courriers sont analysés en vue de découvrir des liens avec des réseaux terroristes.

mayfield devant les micros fbi trace digitale copieLe 4 mai 2004, alors que la presse n’est toujours pas informée de l’identification de la trace digitale, le juge chargé du dossier est alerté par la possibilité d’une fuite dans la presse, concernant l’identité du mis en cause. Pour éviter une déperdition de preuves et des fuites plus importantes, le juge décide l’arrestation et le placement en détention de Brandon Mayfield. Le 6 mai 2004, Mayfield est arrêté à son bureau. Les agents du FBI lui expliquent les raisons du mandat décerné par le juge. Mayfield n’en croit pas ses oreilles et n’imagine pas une seconde que les juges aient pu signer des mandats de perquisitions à son encontre. Son domicile, son bureau et quatre véhicules sont perquisitionnés. Les agents du FBI récupèrent de nombreux dossiers de clients, des factures téléphoniques, des disques durs d’ordinateurs, des téléphones, des CD, des disquettes d’ordinateur ou encore des factures et reçus de carte bancaire. L’après-midi du 6 mai le juge reçoit Mayfield dans son bureau et lui expose les raisons de son arrestation, dont l’identification d’une trace digitale lui appartenant, sur un sac d’explosif. Celui-ci proteste en expliquant qu’en aucun cas ce ne pouvait être sa trace digitale et qu’il ne comprenait pas comment cette trace avait pu être identifiée par les experts. Le juge décide de placer Mayfield en détention dans un secteur ultra surveillé sans aucun contact avec l’extérieur. Il est surveillé 24h/24 et doit obligatoirement rester dans sa cellule 22 heures par jour. Mayfield sera emprisonné jusqu’au 20 mai où la vérité éclatera enfin au grand jour.

Alors que Mayfield est placé en détention, les services de police espagnols réexaminent l’identification du FBI. Des examens complémentaires semblent encore une fois infirmer l’identification mais rien n’est transmis officiellement au FBI.

Le 17 mai, les avocats de Mayfield contestent l’identification de la trace papillaire et demandent la libération de leur client. Le juge répond qu’il n’a pas eu le rapport des autorités espagnoles mais que les experts du FBI confirment à 100% l’identification. Les avocats de la défense demandent une contre-expertise et désignent M. Moses, expert en dactyloscopie au Forensic Identification Service de San Francisco. L’expert reçoit la trace le 18 mai et donne sa réponse par téléphone le 19 mai :

« J’ai comparé les traces digitales latentes aux empreintes du suspect Brandon Mayfield et je conclus que la trace digitale latente est celle de l’index gauche de M. Mayfield »

L’identification de Daoud

ouhnane daoud police scientifiqueLors de leurs investigations, les policiers espagnols identifient un appartement dans la banlieue de Madrid, qui pourrait être utilisé par des terroristes impliqués dans les attentats du 11 mars. Mais lors de l’interpellation, les occupants parviennent à se faire exploser en tuant un policier espagnol. La carte d’un algérien nommé Ouhnane Daoud est retrouvée dans cet appartement. Les policiers constatent que les empreintes de Daoud sont connues suite à une infraction à la législation sur l’immigration. Aux environs du 15 mai, les policiers espagnols comparent les traces révélées dans cette affaire avec les empreintes d’Ouhnane Daoud. Ils identifient le médius droit de Daoud comme étant à l’origine de la trace LFP17. La démonstration est réalisée avec 14 minuties concordantes. La police espagnole conclut aussi que le pouce droit de Daoud est à l’origine de la trace LFP 20 qui a été révélée sur le même sac plastique bleu. Plusieurs experts espagnols, dont ceux qui avaient participé à la rencontre avec le FBI, confirment l’identification. Le 19 mai, jour où le contre-expert Moses confirme l’identification de Mayfield, le FBI et le ministère de la justice américain sont informés que la police espagnole a identifié Ouhnane Daoud comme étant à l’origine de la trace LFP 17.

Le FBI est aussitôt alerté de cette nouvelle identification et entreprend de nouvelles vérifications. Le 20 mai, Mayfield est aussitôt libéré sous des conditions strictes. Le FBI demande à la police espagnole de nouvelles images de la trace LFP 17 avec de meilleures résolutions. A la grande stupéfaction de Wieners, qui dit n’avoir jamais vu ça en 25 ans de carrière, l’empreinte du médius droit de Daoud semble correspondre à la trace LFP17. Le FBI demande à rencontrer les experts de la police espagnole pour discuter du cas. Les experts du FBI doutent de cette nouvelle identification. Ils se rendent à Madrid le 22 mai pour récupérer les images originales des traces relevées sur le sac plastique bleu et les images originales des empreintes de Daoud. Le 23 mai, de retour à Washington, ils créent un groupe chargé d’examiner la trace LFP17 et de la comparer avec les empreintes de Mayfield et de Daoud. Le groupe est dirigé par Meagher qui n’est pas au courant de la première identification et qui garde toute son objectivité. Après une nuit de travail celui-ci conclut qu’aucune identification ne peut être réalisée car il existe des discordances dans les deux cas. Pour lui le FBI doit rester prudent car la photographie de la trace n’est pas d’assez bonne qualité. Les avis de ce nouveau groupe de travail sont toutefois partagés et certains examinateurs restent convaincus qu’il s’agit d’une trace laissée par Brandon Mayfield. Finalement Meagher donne ses conclusions à ses supérieurs et le laboratoire du FBI conclut que la trace ne peut pas être identifiée avec les empreintes de Mayfield. Le 24 mai, le service de communication du FBI présente ses excuses officielles à Mayfield et sa famille pour son erreur d’identification.

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