Huit ans après son suicide, son cadavre est retrouvé pendu et momifié

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Le corps d’un homme (suicide par pendaison), a été retrouvé vendredi dans un studio d’un immeuble bourgeois de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne).

Son suicide remonte à huit ans. Mais ce n’est que vendredi que le cadavre pendu et momifié d’un homme a été retrouvé dans son appartement d’une “ville-dortoir” de banlieue parisienne, une découverte aussi macabre que rare.

Le corps, pendu avec un drap, a été retrouvé dans le studio de cet homme, dans un immeuble bourgeois de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), au moment où l’appartement a été vendu pour solder ses dettes. Les enquêteurs ne s’expliquent pas comment le cadavre a pu demeurer intact et pendu, sans se décomposer.

Par le judas démonté de la porte, on apercevait mercredi une pièce désormais vide, aux volets à demi baissés. Un vélo, qui n’a plus de chaîne, rouille sur le balcon.

Une durée extraordinairement longue

La thèse du suicide de cet ancien agent de sécurité d’origine cambodgienne, qui contestait en 2005 son licenciement aux prud’hommes, ne semble faire aucun doute. Âgé d’une quarantaine d’années, il “avait coupé les ponts avec sa famille” depuis des années avant sa mort, a précisé une source policière. “Son origine asiatique avait laissé penser à ses voisins qu’il avait quitté Bussy et était retourné au pays”, a souligné une source judiciaire.

En 2001, le corps d’une femme avait été retrouvé momifié dans son appartement de Lyon un an après sa mort. En 2009, à Poissy (Yvelines), le cadavre d’un homme a été découvert deux ans après le décès.

Mais huit ans est une durée extraordinairement longue, d’autant qu’aucun signalement n’a jamais été fait. Selon la source policière, “personne ne s’était inquiété” de la disparition de ce solitaire, qui n’était pas impliqué dans la communauté khmère. Pas même ses copropriétaires, qui lui réclamaient pourtant les charges impayées qui s’accumulaient.

Dépouille et appartement “en parfait état”

“J’ai interrogé mes compatriotes, personne ne le connaissait”, a déclaré Roger Kinn, président de l’association AKB, qui représente les quelque 5 000 Cambodgiens de Bussy-Saint-Georges.

C’est finalement l’action en justice du syndicat de copropriétaires et de sa banque, à laquelle il ne réglait plus les traites de son crédit immobilier, qui ont mené à la saisie et à la vente de son appartement. Vendredi, l’acheteur “venait accéder aux lieux pour faire un peu le ménage, avec l’aide d’un serrurier”, quand il a découvert le corps, selon la source policière. “La dépouille était en parfait état, tout comme l’appartement”, a ajouté cette source.

Appartement hyper clean

La police a relevé que l’homme “avait des tocs (troubles obsessionnels compulsifs), était très à cheval sur la propreté chez lui, son appartement était hyper clean”. Mais impossible dans l’immédiat de comprendre vraiment pourquoi aucune odeur n’a été perçue, dans cet immeuble de quatre étages de style néoclassique, avec marbre et simili-colonnes dans le hall, où les patients se succèdent chaque jour dans plusieurs cabinets médicaux, dont celui d’un orthoptiste sur le palier du suicidé. Les appartements – une vingtaine – sont “très bien isolés”, a-t-on avancé de source proche du dossier.

Jacqueline, 83 ans, habite aussi cet étage. Elle ne se doutait de rien avant de rencontrer vendredi “deux policiers dans l’ascenseur, dont l’un avec un masque”. “J’avais remarqué qu’il y avait toujours les volets fermés, mais je n’aurais jamais imaginé ça. C’est un choc”, a confié Nhan, chauffeur de taxi du quatrième étage.

“Je pensais à un appartement abandonné. Vendredi, quand je suis allée chercher le courrier, je suis tombée sur le croque-mort, qui m’a dit avec un grand sourire il y a un mort. C’est fou”, a raconté Camille, locataire du 2e étage, soulignant que “Bussy est une ville-dortoir, où l’on ne se voit pas beaucoup, c’est métro-boulot-dodo”.

Le drame de la grande couronne parisienne

À 5 minutes de l’autoroute A4, reliée au RER, Bussy-Saint-Georges fait partie de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Sa population a explosé depuis le milieu des années 1980, passant de quelques centaines d’habitants à 25 000 aujourd’hui.

Une grande partie travaille à Paris et ne rentre que pour dormir. “C’est le drame de la grande couronne parisienne, cette capacité à être isolé au milieu de la densité”, a analysé une source proche du dossier.

Aucune famille n’a pu être identifiée pour cet homme qui devrait être enterrée dans une grande simplicité sans cérémonie ni plaque commémorative.

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