Par l’encre et le sang : histoire de la police scientifique Française

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Mais qu’est-ce que la bertillonne ?* Et le hastoscope ?** La France est-elle vraiment pionnière dans la mise en place d’une police scientifique ? Quels rôles ont joué Locard et Bertillon dans la création puis la diffusion des savoirs et méthodes de la police scientifique ?

C’est avec force détails qu’Amos Frappa répond à toutes ces questions et revient sur l’histoire de la police scientifique, à partir de de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours.

Un ouvrage détaillé sur l’histoire de la police scientifique

Cet ouvrage universitaire (disponible à l’achat sur ce lien), agrémenté de plusieurs photographies d’époque, séduira les professionnels, passionnés d’histoire et de sciences forensiques. Près de 300 pages permettent de couvrir, de manière très complète, les différentes périodes traversées par cette “police technique” comme Alphonse Bertillon ou Edmond Locard aimaient la qualifier (le terme de police scientifique était considéré comme impropre par les deux hommes).

Ces deux acteurs majeurs sont restés une réelle source d’inspiration pour d’autres protagonistes de la police scientifique en France et dans le monde. Dès le départ, avec sa méthode d’identification anthropométrique, puis l’utilisation de la photographie judiciaire, le nom de Bertillon apparaît comme central. 

Pour autant, de nombreux éléments mettent en avant une révolution globale dans différents services et pays et viennent pondérer la révolution policière du seul Bertillon. L’auteur rappelle bien sûr l’apport prépondérant des deux criminalistes Français. Mais il évoque aussi, le rôle primordial d’autres protagonistes comme Lacassagne, Galton, Gross, Reiss, Vucetich, Söderman ou encore Genthial à la fin du 20ème siècle. 

La création et le développement des laboratoires de police scientifique

Ce livre permet de mieux appréhender la mise en place des laboratoires de police scientifique, parfois fastidieuse, sur le territoire national. 

Alors que les laboratoires municipaux de chimie de la fin du XIXe siècle ont pour visée principale la falsification alimentaire, ils peuvent se voir confier des missions judiciaires dans des enquêtes criminelles : identifier de l’eau de javelle sur les vêtements d’un homme ayant tué sa femme, déterminer s’il y a eu empoisonnement ou encore localiser l’origine d’un incendie criminel. 

Mais c’est surtout dans l’entre deux guerres, que les laboratoires et le modèle de police scientifique, dont Locard est le symbole tentent de se développer. Porté par une volonté forte de ce dernier de créer une police scientifique sur tout le territoire national, on découvre la mise en place difficile des laboratoires de Marseille (1927), Lille (1934) et Toulouse (1942).

Le docteur Locard, dont le souhait est de démocratiser la police technique, se heurte malheureusement à la loi du 27 novembre 1943. Ce texte donne à la police judiciaire de nouvelles missions de police scientifique au détriment des laboratoires en pleine expansion. C’est le début du déclin. 

Il faut ensuite attendre le début des années 1980 et le rapport de Jacques Genthial, alors chargé de mission près du directeur central de la PJ, pour apporter un nouveau dynamisme. A cette époque, les laboratoires de police scientifique comptent une quarantaine de personnels et les services d’Identité Judiciaire (IJ) se déplacent sur seulement 10% des cambriolages !

Le ministre de l’intérieur Pierre Joxe se saisit du rapport en pleine assemblée pour justifier un plan de modernisation. Cette prise de conscience tardive amène la création de la Sous Direction de la Police Technique et Scientifique (SDPTS) le 8 mars 1985 – dont la direction sera assurée par Jacques Genthial – mais aussi le recrutement de scientifiques et la mise sur pied du Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED). 

Le développement de la criminalistique sous l’égide de Locard et Bertillon  

Malgré des tensions coporatistes (légistes, experts en écriture) et d’autres difficultés, l’œuvre de Locard et Bertillon s’épanouit pleinement pendant l’entre-deux-guerres. Le prolifique et diplomate E. Locard publie et diffuse cette culture forensique avec succès. Et suscite un grand nombre de vocations ! Non seulement à l’aide de ses formations mais aussi par ses écrits de vulgarisation. Bertillon forme aussi des policiers Français et étrangers. Les modèles des deux pères fondateurs viennent ainsi se diffuser directement ou indirectement dans de nombreux pays comme en Argentine, en Chine, en Suède en Angleterre ou dans d’autres pays Anglo- saxons.

Pour Locard, déjà à cette époque, “Il est essentiel que les polices locales et les brigades de gendarmerie fussent instruites de la technique à suivre”. Malgré une volonté farouche de démocratisation de la police scientifique, le docteur se heurte à des obstacles : qualité des relevés de familiers, absence de signalisation des individus déférés, manque de moyens matériels pour les relevés et modification de la scène de crime par les premiers intervenants. Un siècle plus tard, la démocratisation et la diffusion de la police scientifique a bien eu lieu comme le souhaitait Locard. En revanche, les problèmes sont restés les mêmes ! 

Cet ouvrage vient rappeler toute l’histoire de la création de la police scientifique mais décrit aussi l’arrivée de certaines techniques ou matériels. La découverte de l’usage de l’empreinte digitale comme moyen d’identification est ainsi parfaitement détaillée. La création ou l’amélioration d’appareils de police scientifique est aussi évoquée : tube permettant des tirs de comparaison, aspirateur spécial pour l’analyse de poussières, microscope comparateur par exemple. 

Vous l’avez compris, ce livre très détaillé, bien que réservé à un public averti et passionné, est une référence de choix pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants d’une révolution de la police scientifique en France comme à l’étranger.

*La bertillonne, utilisée par les services de police au début du XXème siècle, est la mallette de transport d’outils utilisés à des fins de recherche de traces papillaires sur des lieux d’infractions.

** Le hastoscope est un microscope comparateur à des fins de comparaison balistique.

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Un article de Benoit de MAILLARD pour ©www.police-scientifique.com tous droits réservés

 

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