Nouveau livre : la balistique lésionnelle de Vincent Laforge

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En balistique lésionnelle la certitude est suspecte

C’est avec cette affirmation et beaucoup d’humilité que ce livre s’attaque à dénaturer quelques mythes ou légendes urbaines concernant la balistique lésionnelle.

Un gangster projeté à travers une vitre après avoir été touché par un tir d’arme très puissante ? Impossible ! Une balle stérilisée par la chaleur dégagée ? Faux ! Des dégâts causés par une onde de choc du projectile ? L’inverse a été démontré…

La balistique lésionnelle

L’action d’un projectile est simple (en théorie) : il crée un trou entouré d’un hématome. L’alliance du poignard et du gourdin. C’est tout ! Pour autant, difficile de prévoir les effets sur l’organisme d’une munition donnée, d’où l’intérêt de ce livre.

Avant de rentrer dans le vif du sujet on découvre d’abord quelques définitions ou notions de base de balistique : arme de poing ou d’épaule, munitions et calibres, balistique intermédiaire ou terminale, etc. Mais ce livre s’attaque surtout aux profils lésionnels et à la présentation des différents comportements de projectiles dans de la gélatine, pour l’expérimentation, ou dans des tissus humains pour les retours d’expérience.

Et justement, rien ne vaut ce retour d’expérience puisqu’un bloc de gélatine ne contient pas de structure résistante comme un os, l’épaisseur des tissus humains varie, un muscle ou un tissu hépatique n’est pas impacté de la même manière. La présentation de quelques cas, nous permet d’observer le basculement des projectiles dans le corps humain, ou parfois même leur fragmentation. De quoi rester humble quand à l’interprétation trop rapide d’une trajectoire de tir avec l’observation de simples orifices cutanés.

Présentation et interview de Vincent Laforge

Vincent Laforge est Docteur en médecine, docteur en histoire et titulaire des diplômes universitaires en balistique et en criminalistique.

Celui-ci a déjà écrit un ouvrage sur l’histoire de la balistique lésionnelle et de nombreux articles dans la presse spécialisée. 35 ans d’expérience en médecine pré-hospitalière tant à Marseille qu’en région parisienne et une activité de recherche au sein des laboratoires ADES (Anthropologie bio-culturelle, droit, éthique et santé) et SHERPA ( Croyance, histoire, espace, régulation politique et administration) lui ont permis d’avoir un regard aussi pratique que théorique sur les traumatismes par armes à feu.

Comment vous est venu cet intérêt (cette passion ?) pour les armes et la balistique lésionnelle ?

Jeune étudiant hospitalier, j’ai été confronté, au SMUR de Gonesse dans le Val-d’Oise, à plusieurs blessés lors de braquages ou de suicides. En regardant les radiographies, j’ai été surpris par le comportement des balles (fragmentation, bascule). J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec les meilleurs spécialistes de l’époque, Fackler, Breteau et Jourdan et de faire mon service militaire chez les marins-pompiers de Marseille, ville où le recrutement balistique est suffisant. Passionné par l’Histoire, j’ai fait la connaissance du professeur Jauffret qui m’a poussé à écrire une thèse sur les blessures balistiques au cours des siècles, thèse qui a été publié sous le titre La Chair et le Plomb.

Je ne pense pas être un passionné d’armes, même si j’ai quelques notions dans le domaine. Mon objet d’étude, c’est l’interaction entre un projectile et la cible particulière que constitue le corps humain.

Une question que se posent régulièrement enquêteurs et magistrats est « quelle est la distance de tir » ? Dans quelle mesure peut-on déterminer cette distance et y a-t-il des études, même anglophones sur le sujet ?

On peut estimer la distance de tir à faible distance en analysant les projections de résidus de tir sur la peau et sur les vêtements à condition de connaître l’arme et le type de munition. Il est beaucoup plus difficile, voire hasardeux, de l’évaluer au-delà d’une distance supérieure. Il existe de multiples études sur le sujet. On peut consulter avec profit le livre de Vincent J.-M. DiMaio, Blessures par armes à feu, ou les nombreuses revues forensiques.

Le trajet d’un élément balistique à l’intérieur du corps humain est soumis à un grand nombre de variables (couple arme/munition), parties du corps traversées, angle de tir par exemple. Lors d’une autopsie peut-on systématiquement déterminer l’angle de tir ? L’orifice d’entrée et de sortie ?

L’autopsie s’inscrit dans un processus d’enquête et il important d’avoir un minimum de données quant à la position du corps lors des tirs, la distance éventuelle et le type d’arme utilisée. En règle générale, mais il existe des exceptions notables, un projectile traverse le corps de manière rectiligne sauf s’il est dévié par des structures osseuses. L’examen nécropsique et le scanner qui doit être réalisé systématiquement avant l’autopsie peuvent permettre d’estimer une direction de tir. Les conclusions de ces examens doivent être prudentes en ce qui concerne le sens et la direction des tirs. En revanche, il est assez facile de différencier un orifice d’entrée d’un orifice de sortie, mais là aussi il existe des pièges et l’interprétation se doit d’être mesurée.

Ce livre d’un format atypique (15*21) relié PAR une spirale et dont les pages sont plastifiées conviendra particulièrement aux professionnels du secteur : policiers, magistrats, avocats ou même médecins.

A découvrir donc !

Vincent Laforge aussi auteur de la chair et le plomb publié le 15 novembre 2019 aux éditions harmattan.

 

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