Alassane Kondio, le suspect des trois viols commis à Paris et Etampes retrouvé en Belgique

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Le suspect de trois viols retrouvé en Belgique

Jusqu’à ce jeudi 1er mars, Alassane Kondio n’avait pas encore été officiellement informé de sa mise en cause dans trois affaires de viols, dont il est l’unique suspect. D’ici un jour ou deux, ce Sénégalais de 40 ans devrait recevoir dans sa cellule de la prison d’Anvers (Belgique) le mandat d’arrêt européen émis par la justice française, mercredi 29 février, et la demande d’extradition vers la France dont il est l’objet. Le délai pour l’accomplissement de cette formalité peut aller de 20 à 70 jours, selon que la personne visée accepte ou refuse la procédure.

Cet homme incarcéré en Belgique depuis deux semaines sous une autre identité pour une banale histoire de vol, devrait être mis en examen dans les jours à venir par le juge parisien Marc Meslin pour “viol”, “extorsion et vol sous la menace d’une arme”, “tentative d’homicide volontaire” et “tentative d’escroquerie”. Policiers et magistrats en sont désormais convaincus: Alassane Kondio serait l’auteur de trois viols commis les 23 et 28 décembre 2011 à Paris et à Etampes (Essonne). Armé d’un couteau, il s’en serait pris à trois jeunes femmes, qu’il a également dépouillées de leurs cartes bancaires.

DIX-NEUF COUPS DE COUTEAUX ET UN VOL DE CARTE BLEUE

Dans la nuit du 23 décembre entre 2 heures et 3 heures, Alassane Kondio aurait attaqué une femme qui regagnait son domicile, non loin de la porte d’Orléans dans le 14e arrondissement de la capitale. Après l’avoir violée dans son appartement et contrainte au silence en menaçant de tuer toute sa famille, il l’aurait obligée à l’accompagner au distributeur de billets le plus proche pour lui soutirer 400 euros. Il est alors filmé à son insu par une caméra de vidéosurveillance qui permettra aux policiers d’entamer des recherches. Laissant là sa victime, il s’est excusé avant de s’enfuir.

Le même jour, en fin de nuit, non loin de là, dans le 15e arrondissement, il aurait coincé une autre femme dans l’ascenseur de son immeuble en la poussant dans son appartement. La victime se défend. Son agresseur lui assène dix-neuf coups de couteau, avant de lui prendre sa carte bancaire et d’abuser d’elle. La jeune femme survivra à ses blessures.

alassane koundiou C’est à une cinquantaine de kilomètres au sud de Paris, à Etampes que, le 28 décembre, Alassane Kondio aurait commis une troisième agression: il aurait interpellé une adolescente de 15 ans en lui demandant un renseignement. Sa victime a raconté aux enquêteurs que son agresseur cherchait une amie qui demeurait à proximité et dont il lui a donné le nom avant de la violer et de la poignarder à deux reprises. Elle aussi survivra à ses blessures et fournira aux enquêteurs ce précieux indice: une piste pour les policiers qui parviennent à identifier le suspect à la mi-janvier, après la diffusion de la photo captée à partir de la vidéo.

“A la suite de la publication de cette photo, nous avons reçu plus de 2200 appels téléphoniques, assure Christian Flaesch, directeur de la police judiciaire de Paris.Mais ce sont des renseignements anonymes qui nous ont emmenés vers le suspect.” Une fois découverte son identité, les policiers constatent que l’homme a déjà eu maille à partir avec la justice. Cinq condamnations pour vols, outrages, violences, rébellion, port d’armes figurent dans son casier judiciaire et une confusion persiste quant à son passé criminel. Bien qu’il n’y en ait aucune trace dans son casier, selon des sources policières, Alassane Kondio aurait comparu devant une cour d’assises pour mineurs à la suite d’un viol. Au total, il aurait passé entre huit et neuf ans derrière les barreaux entre les années 1990 et le début des années 2000.

SUR LA PISTE GRÂCE À L’ADN PRÉLEVÉ SUR SA FICHE PAPIER D’EMPREINTE DIGITALE

Ce sont ses empreintes, prélevées il y a plus de dix ans, qui l’ont confondu pour les enquêteurs de manière quasi certaine, tant pour les trois viols qu’auprès des autorités belges. A cette époque, il n’y avait pas encore de fichier génétique informatique, mais les techniciens de la police scientifique ont réussi à extraire de l’ADN de sa fiche papier d’empreintes digitales. “Une première en matière d’enquête policière” se félicite Christian Flaesch. La mise au jour de cette preuve scientifique a renforcé les témoignages – l’une des victimes l’a formellement reconnu – et conforté les enquêteurs.

Surveillance téléphonique à l’appui, ces derniers ont ensuite établi qu’Alassane qui ne s’était plus manifesté depuis le 28 décembre ne se trouvait pas en région parisienne, mais plus probablement à Bruxelles où réside une partie de sa famille. Comme s’il redoutait d’être suivi à la trace, il avait détruit sa puce de téléphone portable après sa dernière agression. Mi-février, il a été arrêté à Anvers et placé en détention pour vol. Pour l’heure, il semble qu’en Belgique, Alassane alias Diop – c’est le nom qu’il a donné aux policiers belges – n’ait pas commis d’autres délits.

Hormis les épisodes carcéraux et la série de viols de décembre 2011 qui lui est imputée, les enquêteurs ne disposent guère d’éléments sur sa biographie. Ni lui, ni ses proches n’ont encore été entendus. A sa sortie de prison en 2003, Alassane Kondio auquel on ne connaît pas d’enfant et dont on ignore les métiers qu’il aurait pu exercer, avait été expulsé vers le Sénégal. Qu’a-t-il fait au cours de ces années? Quand et dans quelles conditions est-il revenu en France? Aurait-il commis d’autres agressions? “Des violeurs, il y en hélas beaucoup, note Christian Flaesch.Mais des violeurs qui poignardent leurs victimes, c’est un peu plus rare.” Des investigations sont en cours afin de retracer le parcours de cet homme qui encourt la prison à perpétuité.

Yves Bordenave, © http://www.lemonde.fr

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