Un tueur en série condamné… 46 ans après les faits

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Un tueur en serie condamne 46 ans apres les faits

Le temps judiciaire n’est pas le temps médiatique. Et s’il n’est pas rare que les médias pèchent par précipitation, il peut aussi arriver à la justice de prendre ses aises avec le sablier. En Grande-Bretagne, un tueur en série vient d’être condamné à vingt-sept ans de prison ferme pour le meurtre d’une jeune fille commis… il y a un demi-siècle.

David Burgess, 64 ans, qui purge déjà une peine de prison à vie pour le meurtre de deux fillettes de 9 ans dans le petit village de Beenham en 1967, a été reconnu coupable vendredi 20 juillet de l’assassinat de Yolande Waddington, 17 ans, survenu dans le même village, quelques mois plus tôt, rapporte le Guardian.

Pourquoi, alors que les trois crimes portaient la même signature et se sont produits dans le même village, a-t-il fallu attendre quarante-six ans pour condamner le meurtrier ? Plus troublant encore : des traces de sang de Burgess ont été retrouvées sur les effets personnels de Yolande Waddington et son visage portait des marques de griffures.

DU SANG SUR LE SERRE-TÊTE

Nous sommes en 1966. Yolande Waddington vient d’emménager à Beenham, dans le West Berkshire (sud de l’Angleterre) pour y travailler comme jeune fille au pair, raconte la BBC. Le 28 octobre, elle se rend au pub Six Bells pour y acheter un paquet de cigarettes, puis rentre chez elle. David Burgess se trouve dans l’établissement à ce moment précis. La police pense qu’il l’a alors suivie, avant de l’agresser sexuellement, de l’étrangler et de la poignarder. Le corps de la jeune femme sera retrouvé nu dans un fossé, non loin d’une grange isolée fréquentée par de jeunes couples. Dans la bataille, l’agresseur a perdu du sang : des taches seront retrouvées sur le serre-tête et le peigne de la jeune fille.

La police locale, appuyée par Scotland Yard, réalise alors la première campagne massive de tests sanguins volontaires du pays, avec la participation de 200 hommes âgés de 16 à 60 ans de la région. L’échantillon de Burgess ne correspond pas. La police pense aujourd’hui qu’il avait utilisé le sang d’un tiers, ou que son échantillon avait été mal étiqueté. Le jeune homme, alors âgé de 19 ans, est tout de même arrêté… avant d’être relâché, faute de preuves.

L’enquête est interrompue début 1967. Le 17 avril de cette même année, deux fillettes de 9 ans, Jeanette Wigmore et Jacqueline Williams, quittent leur domicile, dans le même village de Beenham, pour jouer dehors. On retrouve leurs corps inanimés quelques heures plus tard, à l’issue d’une battue des villageois à laquelle Burgess participe. Il est condamné en juillet 1967 pour ces deux meurtres, mais toujours pas pour le premier. En prison, il se vante régulièrement d’avoir assassiné Yolande Waddington, défiant la police d’être en mesure de “le prouver”. Elle mettra un demi-siècle.

UN NOUVEAU TEST ADN

La police scientifique a finalement recouru à une nouvelle technique, appelée MiniFiler, pour analyser les traces de sang retrouvées sur les effets personnels de la jeune fille. Cette technique permet d’obtenir des informations concluantes à partir de traces d’ADN plus petites, ce qui se révèle décisif quand les prélèvements ont été abimés par le temps. Ces nouvelles analyses ont conclu l’an dernier qu’il y avait une chance sur un milliard pour que le sang retrouvé sur le serre-tête et le peigne ne soit pas celui de Burgess.

Le tueur en série a été condamné vendredi après cinq semaines de procès par onze des douze jurés, au terme de cinq jours de délibération. The Telegraph rapporte qu’à l’issue du verdict, le sexagénaire, qui purge déjà une condamnation à la perpétuité, a quitté le tribunal en souriant à un gardien de prison.

ENQUÊTE SUR TROIS AUTRES MEURTRES

La police s’intéresse maintenant à d’autres affaires toujours pas élucidées entre 1996 et 1998, période durant laquelle Burgess était parvenu à s’échapper d’une prison de Bristol, avant d’être de nouveau arrêté pour le braquage d’une banque et condamné à dix ans de prison.

Trois célèbres meurtres non résolus ont eu lieu durant cette période de dix-huit mois, précise The Guardian. Ceux de Melanie Hall, 25 ans, en juin 1996 à Bath, deKate Bushell, 14 ans, en novembre 1997 à Exeter, et de Billie-Jo Jenkins, 13 ans, en février 1997 à Hasting.

Publié par Soren Seelow © www.lemonde.fr

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