Policiers scientifiques francophones à l’étranger

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CSI monde: une rencontre entre le Canada, la France, la Belgique et la Suisse

Une rencontre avec des policiers scientifiques du Canada, de Belgique, de Suisse et de France.

 

Bonjour Kim, Hélène, Marie et Pierre merci d’avoir accepté de nous rencontrer.

 

Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : Je m’appelle Kim, j’ai 30 ans et je suis suisse. Après le lycée j’ai effectué un Bachelor (équivalent licence) et un Master en Sciences Forensiques à l’Université de Lausanne. En Suisse, dans mon canton, il faut passer 1 an à l’école de police afin de devenir inspecteur de police pour espérer intégrer la police scientifique.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Je suis Hélène, j’ai 35 ans et je suis canadienne. Après un bachelor en biologie médicale obtenu dans une université canadienne, j’ai eu l’opportunité d’effectuer un stage de quatre mois dans un institut de médecine légale en Belgique. J’ai pu assister à toutes les levées de corps, autopsies et reconstructions de scènes de crime aux côtés de différents spécialistes, j’ai adoré. J’ai donc intégré un programme de master en sciences forensiques dans une université. Après deux stages supplémentaires, j’ai été embauchée par une organisation policière canadienne.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : Je suis Marie, j’ai 32 ans et je suis belge. J’ai obtenu un bachelor et un master en sciences forensiques de l’Université d’Amsterdam aux Pays-bas. Je travaille actuellement  à l’INCC (l’Institut National de Criminalistique) à Bruxelles. C’est un institut indépendant des services de police. L’activité fondamentale de l’INCC est la réalisation d’expertises forensiques à la demande des partenaires judiciaires (magistrats, juges..).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Je m’appelle Pierre, j’ai 25 ans et je suis français. Après une licence en biologie moléculaire et cellulaire à Montpellier j’ai tenté d’intégrer la police scientifique. En France il faut passer un concours pour intégrer la PTS (Police Technique et Scientifique). Malgré mon diplôme en biologie, je voulais faire du terrain, j’ai donc opté pour le concours technicien spécialité Identité Judiciaire, après 2 échecs successifs à l’oral, j’ai tenté le concours ASPTS, que j’ai réussi du 1er coup. Me voilà donc intégrant un SRIJ (Service Régional d’Identité Judiciaire) en groupe intervention, j’y suis depuis plusieurs années et mon métier me passionne.

Quel poste occupez-vous actuellement ?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : Je suis actuellement inspectrice de police scientifique, de telle sorte que je me déplace sur le terrain dès que l’on a besoin de faire des photos, prélever des traces ou expliquer le déroulement des faits de diverses infractions.
Chaque inspecteur va sur les lieux et gère ses affaires. Nous avons chacun des spécialités en fonction des différents domaines existants (groupes semelle, document, arme à feu, trace digitale, trace d’oreille, etc.).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Je travaille au sein d’un laboratoire de sciences judiciaires. Je m’occupe de tout ce qui a attrait à l’examen des armes à feu et leurs munitions : examen mécanique d’armes à feu, de munitions et de différents accessoires connexes (tels que les silencieux). Je m’occupe également de restaurer les numéros de séries, j’analyse et compare des traces laissées sur les projectiles et les douilles dans le but d’identifier ou d’éliminer une arme à feu comme étant la source. Enfin, nous calculons et déterminons les distances de tir. Je vais parfois sur le terrain.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : Je travaille comme conseiller forensique. Mon travail consiste à conseiller les magistrats et la police sur les analyses scientifiques possibles dans le cadre de leurs dossiers.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Je travaille toujours en SRIJ dans le groupe intervention. Je me déplace sur des scènes d’infractions (délit, crimes) pour effectuer la fixation des lieux (prise de photo, video, plan) et le relevé des traces et indices. Je fais exclusivement du terrain. Dans notre SRIJ il y a également un groupe criminalistique qui est chargé de la révélation des traces papillaires en laboratoire, et un groupe FAED (Fichier Automatisé des empreintes Digitales) dont les membres gèrent tout ce qui est identification.

A quoi ressemble une journée type dans votre service ?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : On peut résumer en deux différents types de journées, à savoir celles où nous avons des permanences et celles sans permanence. Une semaine sur 3 nous avons des permanences pour assurer les interventions sur le terrain. Nous avons des horaires irréguliers pour assurer une couverture 24h/24. Nous nous déplaçons sur des interventions de type: vol par effraction, découverte de cadavres mais aussi homicide etc…  Si il n’y a pas d’interventions, nous avançons dans nos enquêtes, nos rapports et albums photos.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Je partage la majeure partie de mon temps entre mon banc de travail (la majeure partie de mes examens de routine), le champ de tir (on y teste chaque arme), ma salle de microscopie (où je compare les éléments de munitions à l’aide d’un microscope comparateur), et mon bureau (où je rédige les rapports destinés aux enquêteurs).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : Généralement je participe à des réunions avec les partenaires externes (police, magistrat etc..). Ensuite la journée se déroulera entre réunions et rédaction des rapports d’expertises afin de conseiller les partenaires au sujet des analyses à entreprendre dans le cadre de leur dossier.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Sur le terrain, il n’y a pas de journée type, tout dépendra des évènements. On peut tout de suite être appelé sur une découverte de cadavre ou un braquage, assister à une autopsie, partir sur un vol par effraction etc.. puis parfois il ne se passe rien, on rédige alors nos rapports et on confectionne ce que l’on appelle nos albums photos (rapport photographique légendé correspondant à une affaire).

Avez-vous une anecdote à nous raconter, une affaire marquante?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : Un jour nous avons repêché un africain dans une rivière, il s’était noyé quelques semaines auparavant en s’amusant dans l’eau mais sans savoir nager. Ce qui m’avait marqué c’est qu’il était quasiment devenu blanc de peau (alors qu’il était bien noir de peau de son vivant). C’était une scène et une autopsie difficile à vivre car le corps était vraiment en mauvais état, il y avait de nombreux vers et une odeur très forte.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : On reçoit toutes sortes de pièces à conviction qui ont été fabriquées ou modifiées, et certaines sont plus étranges que d’autres. Nous avons dans notre collection une prothèse de jambe qui a été transformée en arme à feu. La bouche du canon se trouve sous le pied, et la détente est juste au-dessus du talon. Digne d’un film de Tarantino… à l’exception qu’il ne s’agit que d’une arme de calibre .22!

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : L’affaire la plus importante sur laquelle j’ai travaillé reste les attentats de mars 2016 en Belgique. C’était un dossier si complexe et important, il y avait également une énorme pression politique et médiatique. En règle générale je ne descends pas sur le terrain mais sur ce dossier le magistrat nous a demandé d’aider à coordonner les expertises. Puis nous avons eu à conseiller le magistrat et la police sur le choix des pièces à conviction à analyser. Il fallait travailler dans l’urgence, les analyses ont dû être effectuées très rapidement.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Les affaires les plus marquantes ne sont pas forcément les affaires les plus gaies. Lorsque vous travaillez en SRIJ vous êtes amenés à confronter la mort quotidiennement: suicide, découverte de cadavre putréfié ou momifié, enfant étouffé, violé, tué… chaque histoire est marquante et comporte son lot de charge psychologique. La seule qui me vient à l’esprit avec une fin “heureuse” serait la découverte d’une personne décédée en surpoids, retrouvée sous son lit. Lorsque le médecin a soulevé le lit pour faire l’examen de corps, la personne a bougé son bras et a poussé un espèce de râle indescriptible. Tout le monde s’est mis à crier. Le médecin s’est alors aperçu que la personne n’était pas du tout décédée, juste en grave hypothermie, ce qui avait ralenti son rythme cardiaque, à tel point que le collègue qui avait pris le pouls n’avait pas réussi à le distinguer. On a eu une belle frayeur…

Comment s’organise la police scientifique dans votre pays ?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : La problématique en Suisse est que chaque canton a son propre mode fonctionnement avec la police scientifique.  Chaque canton a son processus de recrutement, ses conditions d’engagement, son type d’école de police existante, complète ou raccourcie, sa formation interne, son statut particulier et le salaire correspondant.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Au Canada, il y a 3 structures policières: Municipale, Provinciale et Fédérale.
L’état des lieux, l’examen des taches de sang, ainsi que l’analyse et la comparaison des empreintes digitales sont des emplois exclusivement réservés aux policiers. Ceux-ci, après quelques années aux services généraux (« general duty »), sont embauchés dans l’unité de l’identité judiciaire et sont formés durant quelques mois.
Les laboratoires de sciences judiciaires s’organisent également en trois niveaux (municipaux, provinciaux et fédéraux), et les postes sont occupés par des membres civils ayant tous une formation scientifique.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : L’INCC emploi des personnels scientifiques, administratifs ou contractuels.
En ce qui concerne la Police Technique et Scientifique Belge, les laborantins, que l’on appelle également enquêteurs forensiques, font partis soit du personnel opérationnel (ce sont des fonctionnaires de police dit « actifs »), soit sont des membres du CALog (Cadre Administratif et Logistique). Au sein de la police technique et scientifique les CALog peuvent être revêtus de la qualité d’officier de police judiciaire, auxiliaire du procureur du Roi, et peuvent être équipés d’un moyen incapacitant (spray au poivre).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Les tâches sont très séparées en France, les PTS qui se déplacent sur les lieux ne font pas d’analyse en laboratoire et vice-versa, hormis certains cas particuliers. Les PTS se déplaçant sur le terrain font partis de l’IJ (Identité Judiciaire), les PTS membres d’un des cinq laboratoires de PTS sont répartis en section : biologie, traces, documents, balistique, toxicologie, stupéfiants, incendies/explosions, physique-chimie etc… Le statut actuel d’un membre de la police technique et scientifique en France est un statut sédentaire, nous ne sommes pas en uniforme et nous ne sommes pas armés. Nous sommes censés être accompagnés systématiquement par un collègue actif lors de déplacement sur le terrain pour notre sécurité mais également parce que nous n’avons pas de qualification judiciaire (nous ne pouvons pas « mener » une enquête).

Pouvez vous nous donner une fourchette de salaire?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : Je gagne environ 7000 CHF/mois (environ 6200€) avec 6 ans d’ancienneté (ndlr salaire moyen suisse environ 5000 CHF).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Le salaire d’un spécialiste judiciaire en formation débute à environ 5’000 $ CAD/mois (environ 3300€). Une fois les examens réussis, le salaire de base augmente à environ 6300$ CAD/mois (environ 4150€). Il faut 7 ans pour arriver au maximum de l’échelle salariale, qui est d’environ 8200$ CAD/mois (environ 5400 €).

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : Le salaire de départ minimum pour un conseiller forensique à l’INCC est d’environ 2700€.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : Pour ma part, je gagne un peu moins de 2000 € net (grille des salaires dans la PTS en France).

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

Résultat de recherche d'images pour "drapeau suisse"Kim : C’est qu’il y a tant une partie sur le terrain que dans les bureaux. J’aime également le fait de ne pas savoir de quoi sera faite la journée en fonction des évènements qui se produiront. Nous travaillons sur toutes les grosses affaires qui se produisent sur le canton.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau canada"Hélène : Ce que j’aime le plus c’est la diversité. Les pièces à conviction qui me sont soumises varient énormément. Il peut s’agir de projectiles, de douilles, de plombs, de bourres, d’armes à feu en tout genre (pistolet, revolver, carabine, fusil de chasse, etc.) modifiées ou non, de tout type de munitions et de chargeurs, de silencieux (prohibés au Canada) qui peuvent être “factory made” ou parfois “faits maison”.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau belgique"Marie : J’adore le contact avec les différents partenaires : les enquêteurs de la police, les magistrats, mais aussi avec avec les experts scientifiques de l’INCC. Ces échanges sont très enrichissants. Ce que je préfère c’est de travailler sur des dossiers spéciaux (meurtres et autres crimes), c’est passionnant.

Résultat de recherche d'images pour "drapeau france"Pierre : L’absence de routine, sur le terrain on ne peut rien prévoir, chaque cas est différent et c’est ce qui me plait le plus.

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