Omar Raddad

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Le 24 juin 1991, le corps de Ghislaine Marchal est retrouvé ensanglanté dans la cave de sa villa. La scène de crime est digne d’un roman policier : la porte de la cave est barricadée et deux messages ont été tracés en lettres de sang : « OMAR M’A T » et « OMAR M’A TUER ».

La victime désigne sans aucun doute Omar Raddad, son jardinier Marocain. Celui-ci est vite interpellé, emprisonné puis condamné, mais l’absence de preuve matérielle indiscutable fait surgir le spectre de l’erreur judiciaire.

Cette affaire déchaîne les passions (dix-huit livres sont recensés sur le sujet) et malgré de nombreuses incertitudes, les avis des auteurs sont souvent tranchés, sans concessions. Omar Raddad, assassin calculateur ou victime d’une incroyable erreur judiciaire ? Voici les « preuves matérielles » et les faits, rien que les faits, à vous de juger…

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La découverte d’un crime sordide

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Villa Ghislaine Marchal

C’est à proximité de Cannes, sur les hauteurs de Mougins, que l’on trouve la demeure de Ghislaine Marchal. Elle vit seule dans une grande villa puisque son mari, fils du fondateur des usines Marchal, est décédé en 1983 et que son fils Christian, 46 ans, ne vit pas avec elle. Ghislaine Marchal est décrite par ses quelques amis comme une femme intelligente, autoritaire et courageuse, marquée par la déportation de ses parents.

Le dimanche 23 juin 1991, Ghislaine Marchal doit se rendre chez Colette Koster pour déjeuner à 13h00. Elle confirme d’ailleurs son rendez-vous par téléphone à 10h30. Elle appelle ensuite deux autres amies à 11h30 et 11h48. A chaque appel Ghislaine Marchal semble calme détendue et déclare qu’elle doit se préparer pour se rendre chez une amie. La fin de la communication à 11h50 marque le dernier signe de vie de Ghislaine Marchal.

Le lendemain à 19h30, sans nouvelles de Mme Marchal, la voisine Francine Pascal, un employé de la société de sécurité AGM et de nombreux gendarmes se rendent sur les lieux rechercher la disparue. Toutes les pièces de la maison sont visitées, mais aucun signe de vie n’est détecté. C’est finalement la cave, seule pièce fermée à clef, qui attire l’attention des intervenants. Les gendarmes Martial Liedtke et Jean-Louis Teulières s’emparent de la clef, déverrouillent la porte mais ne parviennent pas à entrer. Des objets semblent bloquer la porte depuis l’intérieur. Ils forcent l’ouverture de quelques centimètres, suffisamment pour que le gendarme Liedtke déplace un lit pliant et une barre de fer qui coinçaient l’ouverture.

La scène de crime est terrible, Ghislaine Marchal git à plat ventre, vêtue d’un peignoir taché de sang dans la chaufferie de la cave. Elle est en partie éventrée et présente de multiples plaies sur son corps. Du sang macule le sol, mais c’est surtout une dénonciation sanglante qui va attirer l’attention des enquêteurs. Sur la porte de la cave à vin, les gendarmes observent un écrit bien lisible en lettres majuscules rouges « OMAR M’A TUER ». Quelques mètres plus loin, sur la porte de la chaufferie, un deuxième message moins lisible et incomplet a été tracé : « OMAR M’A T ». La victime a-t-elle pu désigner son assassin lors de son dernier souffle ?

Omar Raddad : le suspect n°1

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Omar Raddad

Omar Raddad a 28 ans quand on l’accuse du meurtre de sa patronne. Son casier judiciaire est vierge de toute condamnation.
Il est le deuxième d’une famille de six enfants et n’est jamais allé à l’école, sa mère préférant le garder pour aider la famille. Il nait et grandit au Maroc jusqu’à ses 23 ans puis émigre en France pour rejoindre son père à Cannes. Il rencontre alors Latifa une Franco-Marocaine établie à Toulon, qui deviendra la femme de sa vie en 1987. Deux enfants, Karim et Youssef vont naître de leur union en 1987 et 1991. Omar Raddad commence à travailler chez Mme Marchal comme jardinier en 1985. Sa femme Latifa est embauchée par Mme Marchal comme femme de ménage et Omar explique que les relations avec son employeur sont plus que cordiales :

Mme Marchal était si gentille avec nous que nous avions le sentiment, Latifa et moi, d’être traités comme ses enfants, plus que comme de simples domestiques. Au nouvel an, elle pensait toujours à nos étrennes, et elle ne perdait jamais une occasion de nous faire des cadeaux  (Pourquoi moi, de Sylvie Lotiron et Omar Raddad. Éditeur Le Seuil, 2003)

Cette époque est décrite par Omar comme l’une des plus heureuses pour lui et sa famille. Un jour de juin 91, la vie du jardinier bascule dans le chaos. Accusé d’un crime sordide, c’est le début d’un long cauchemar pour Omar Raddad qui vivra les 7 années suivantes sous les verrous.

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